Non, je ne me réveille pas la nuit pour aller tuer des gens. Malgré tout, je crois que je suis atteinte d'une forme aigue de dédoublement de personnalité... Voici en quoi cela consiste.
Voyez-vous, moi, eh bien je suis comme qui dirait une maîcresse d'école. eh oui, la dame à qui vous déposez vos rejetons tous les matins, avec force précisions sur la façon dont ils ont dormi et la dureté de leurs selles (si si !), eh bien c'est moi. et même c'est deux fois moi.
Alors voilà, la maîtresse n°1, celle des beaux-jours, arrive à l'école une heure avant les enfants, fraîche, pimpante, maquillée-brushinguée-bienhabillée. elle a préparé sa journée de classe, elle sait, demi-heure par demi-heure, ce que vont faire les groupes trucs, bidules et fluttes, et même, elle a préparé son matos... lorsque les monstres arrivent, des jeux ont été disposées sur les tables, et pas les mêmes que la veille... elle est prête à reccueillir auprès des parents toutes les informations qu'ils jugent nécessaires de lui transmettre ("il a eu la diarhhée ce matin, alors que je sais pas, c'est p-ê une gastro", "il a vomi 3 fois cette nuit, mais ce matin ça a l'air d'aller mieux alors je vous le mets quand même", ...), et même : ça l'intéresse ! elle blague avec les blagueurs, et ronchonne avec les ronchonneurs...bref, elle adore son boulot, et parfois, elle a la petite prétention de croire qu'elle ne le fait pas trop mal...
Sauf qu'il y a la maîtresse n° 2. Elle, elle repousse minute par minute le moment de se tirer du lit, prête à toutes les concessions pour glaner qq' précieuses secondes de demi-sommeil. Exemples :
- Tant pis, je me lave pas. et c'est pas grâve si mes cheveux sont sales. ceux que ça dérange n'auront qu'à me faire un procès.
- Après tout, si je suis là à 8h29, on peut pas dire que je suis en retard.
- Et si je disais que j'ai eu un dégât des eaux, que je fais une dépression, que j'ai été cambriolée!!!
La maîtresse n°2 donc, toujours celle à qui vous confiez vos enfants, arrivent pile poil à l'heure, c'est-àdire à 8h29. évidemment, rien n'a été préparé pour eux. "maîîîtreeessssse, on fait quoi ?" Elle a le cheveux terne et l'oeil flasque et franchement, l'envie que la journée passe vite, très vite, parce que c'est difficile, une journée de classe quand on a l'impression d'improviser.
Cette maîtresse là, elle vit ce qu'on appelle la culpabilité. et elle a l'impression que c'est écrit sur son front : oui, j'ai pas bossé !